Bonnes résolutions

Dernier jour de l’année. Minuit. Je songe à toutes ces années qui se sont terminées de la même façon, un 31 décembre, comme cette année. Toutes ces années qui ont commencé par des promesses non tenues et ont fini en forfaiture. Tous ces 31 décembre ou j’ai pensé pouvoir encore sauver cette infime partie de mon âme qui compte encore pour quelque chose, celle qui garde encore les quelques souvenirs d’enfance qui me restent, celle qui m’animait il y’a encore quelques années, quand je portais encore dans mon cœur ton nom gravé en lettres de feu, quand j’y croyais encore, quand j’avais la foi.

Tous ces débuts de janvier qui m’ont finalement mené à travers compromissions et trahisons vers le même 31 décembre, année après année. Tous ces 31 décembre où l’on se promet monts et merveilles tout en sachant que rien ne sera tenu, où l’on noie sa conscience dans les limbes du néant à grand renfort de champagne et de foie gras pour mieux oublier ces promesses que l’on est supposé se faire et que l’on nomme bonnes résolutions, trop honteux que l’on est de les voir pour ce qu’elles sont, des vœux pieux.

Cette fin d’année est néanmoins différente. Pour la première fois, elle n’a pas le goût du dégoût de soi vite noyé dans un verre d’alcool, une poignée de billets et des promesses sans lendemain. Elle a un goût amer, un goût de cendre. Les cendres de ton nom, consumé sur l’autel de la forfaiture par un soir d’août, par ma main, par ma faute. Les trente deniers que j’aurai touché pour cet acte me brûlent la peau, me crèvent les yeux. Je ne me savais pas avoir encore une conscience après avoir tant couru derrière le pouvoir et les vains honneurs, mais voilà, face au sacrilège suprême, elle se rebelle, elle se rebiffe, elle se rappelle à mon souvenir.

Alors en ce 31 décembre, je me fais une promesse. Celle de me retirer de la vie publique dont je suis indigne. Celle de me consacrer à ta reconstruction, non pas à partir du confort du fauteuil du pouvoir auquel je suis tellement habitué, mais sur le terrain, humble ouvrier sous les ordres de ces contremaitres, qui se dépensent depuis des années sans compter pour te garder à flot, envers et contre tout, pompiers sacrifiés sur ton port, urgentistes et infirmières sanglants cherchant les victimes de mon sacrilège dans les décombres de la ville, et tant d’autre sacrifiés sur le même autel que toi, soldats sur tous les fronts où ton nom doit être défendu.

Je reprends leur serment à mon compte, qui est celui de ton armée, institution qui n’aura jamais failli.

Je jure par Dieu Tout-Puissant de faire mon devoir jusqu’au bout, afin de préserver le drapeau de mon pays, et de défendre ma patrie, le Liban1.

أقسم بالله العظيم أن أقوم بواجبي كاملاً، حفاظاً على علم بلادي، وذوداً عن وطني لبنان

Un responsable – مسؤول

Was it really better before?

“Things were better before, man”…

I can see where you’re coming from dear friend. Indeed, the past decade or so has been everything but a walk in the park. Economic crisis, terrorism, natural disasters, outbreaks, you name it. Nostalgia aside, I guess however that you should measure the “better” part of your statement by the amount of time by which you define the “before” part of it.

Do you mean 5 years or so ago? Right in the middle of the Islamic State terrorist attacks in Europe.

10 years ago? You’re in the aftermath of the greatest economic crisis since the great depression and at the start of the Syrian conflict.

15 or 20 years ago? That’s 9/11 and the subsequent war on terrorism, Bush, Saddam, the Iraq conflict, the SARS outbreak, hurricane Katherina, the Y2K bug (or lack thereof).

More? 40, 50 years ago? The Cold War, the Berlin wall, apartheid. 80 years bring you back to a world conflict, a genocide and the first and last use of nuclear weapons in an armed conflict, 90 years, to the greatest economic depression in modern history, 100 years, to yet another world conflict and another genocide.

And before that? The Napoleonic wars, the Plague, the great fire of London, the fall of the Roman Empire, the fire of Rome, Nero, Attila the Hun, and many other wonderful humanist concepts like slavery or torture, which were the norm for a very long time. Just an excerpt of a very long list. Many things were not better before. Most actually. Human rights, gender equality, air conditioning and ice cream would only be coming later.

Robert, Hubert – Incendie à Rome

If you are still not convinced, picture this last argument: it took medicine thousands of years of trial and error, starting from basic herbal medicine in the bronze age to the discovery of penicillin by Sir Alexander Flemming in 1928 to start having effective and widespread antibiotics. Most people reading this post were born shortly after penicillin had become a staple of modern medicine and most will be gone by the time bacteria will have developed enough resistance to render most antibiotics ineffective. It is as if the entire universe aligned itself in order to make antibiotics available right in time for your birth dear friend and will retire them by the time you’re gone. A personal gift to you and you only, of all the people who walked the face of this earth since the dawn of time, emperors and prophets included. So no, things were not better before and the 20 years of extra life expectancy that this gift gave us is a testament to the brighter present we live in.

My point is, past is gone, future is still to be written, so there’s probably no better time for us than today, which is why I would like to wish you a nice today, a nicer tomorrow, and so on for the next year.

Let the board sound

And best wishes for the year to come

Rabih

Optimisme prudent

Chers compatriotes. Comme vous vous en doutez, on ne résout pas un problème à 90 milliards en deux coups de cuiller à pot.

Certains signes néanmoins, au crédit des libanais de bonne volonté qui ne manquent pas dans ce vaste univers, semblent indiquer que nous n’avons pas encore touché le fond. Mauvaise nouvelle pourriez-vous me rétorquer, dans le sens où il y’aurait encore de la marge en termes de descente aux enfers. En ce qui me concerne, je voudrai voir le verre à moitié plein en cette fin d’année si vous le permettez, l’optimisme n’ayant jamais aveuglé les lucides, que les rêveurs.

On ne rembourse pas une ardoise de 90 milliards d’un coup baguette magique, mais…

Le peuple est aujourd’hui plus soudé face au pouvoir qu’à n’importe quel moment des 50 dernières années. La diaspora s’est mobilisée pour les élections de 2022 et plus de 230 000 personnes pourront voter depuis les ambassades et consulats du Liban un peu partout dans le monde, pour les candidats de leurs circonscriptions d’origine, malgré un suspense qui aura duré de coup de théâtre en coup de sort jusqu’à la tombée du rideau.

La satire politique et la critique des travers de la société sont bien vivantes, portées qu’elles sont par une nouvelle génération de stand-ups et de one man/woman shows, et plus généralement d’artistes et d’activistes qui n’ont rien à envier à leurs ainés.

Suite à la tragédie du 4 août 2020, les libanais se sont redécouvert une fibre sociale, puisqu’ils n’ont jamais été un peuple froid et fermé. Ceux qui pouvaient ont prêté main forte à ceux qui ont tout perdu. Des associations d’aide se sont mises en place spontanément, et la diaspora n’a pas été en reste. Le réseau des forces vives à travers le monde s’est mis en branle et il est considérable. Les associations de libanais de la diaspora, les entreprises qui ont des liens solides avec le pays, les fils et les filles du pays qui vivent sous des cieux plus cléments sur les cinq continents ont donné de leur temps et de leurs moyens pour le Liban, et les résultats sont visibles sur le terrain.

Une grande partie des dons et des aides cible aujourd’hui le système éducatif et en cela, les libanais font preuve d’une grande sagesse: les générations futures seront celles qui relèveront les défis que notre génération aura subi de plein fouet et si le Liban des années 2020 leur aura tout pris, il est permis de croire qu’il aura tout fait pour leur laisser l’éducation, c’est à dire l’essentiel.

D’autre part, les expatriés continuent d’affluer au vieux pays pour les vacances d’été et les fêtes de fin d’année malgré les milles outrages qu’ils rencontreront entre l’insécurité et les pénuries de carburant et d’électricité pour n’en citer que quelques-uns, et que leurs frères et sœurs de cœur restés au pays subissent quotidiennement, stoïquement, pour l’amour de leur patrie malgré ce qui leur en coute, malgré ce qu’ils en disent. C’est dire à quel point le Liban est chevillé aux âmes de ses enfants, qui, s’ils ont le verbe haut, ont néanmoins un cœur à la mesure de leur grande gueule.

En fin de compte, pardonnez la naïveté de mon ton et de cet article. Ceux qui me connaissent savent que je suis d’un réalisme pour le moins ennuyeux mais je me fais violence en cette fin d’année en affichant un optimisme à la limite du raisonnable. J’en ai besoin et vous aussi sans doute, si vous me permettez cette remarque.

Ceci étant, soyons lucides, soyons prudents. “Il suffit d’un peu d’électricité et d’une connexion Internet pour faire tourner la boite” pour citer un patron libanais qui porte le Liban en son cœur, et je pense que l’on peut étendre la métaphore à un pays, mais il suffit d’un grain de sel dans ce système instable qu’est devenu le Liban pour faire basculer les choses du côté obscur.

Optimisme prudent donc, car en effet, on ne résout pas un problème à 90 milliards en deux coups de cuiller à pot, mais il faut bien commencer quelque part.

Aux Amis du Liban,

A Wissam

Joyeuses fêtes à tous and let the board sound

Rabih

Le soleil se lèvera-t-il au bout de la nuit?

Il est 23h38. Je sirote mon café agrémenté d’un bout d’écorce d’orange en cette froide nuit de décembre. Un truc que j’ai appris de mon frère, un fin palais celui-là, et que je vous conseille vivement. L’écorce d’orange, pas le café de minuit bien sûr, si vous tenez au sommeil. Personnellement, le café ne me fait aucun effet, j’irai dormir sur mes deux oreilles dès que nous aurons fini cette conversation cher lecteur, sans doute à cause d’une accoutumance à l’adrénaline et aux effets du stress que je dois à mes origines.

Photo by Andres F. Uran

Je sirote mon café donc, et je pense à cette malédiction du départ, qui n’est que l’autre face de celle de rester. Au-delà des polémiques et autres diatribes sur le sujet, quand on y pense, peu de nos compatriotes partent par choix. Entre le départ et la famine, c’est contraints et forcés qu’ils font leurs bagages quand l’opportunité se présente, et des fois sans même attendre qu’elle ne le fasse. Quant à ceux qui restent, c’est dos au mur qu’ils subissent leur dur destin et le choix n’a rien à faire là-dedans non plus. Ils partiront quand leur heure sera venue, si tant est qu’elle viendra, vers d’autres contrées ou un monde meilleur et ce ne sera pas par choix. Partants, restants, ils partagent la même malédiction.

Alors qu’importe si tu pars ou si tu restes, quand l’avenir que tu contemplais t’échappe et que la faim ou l’exil sont les seuls choix qui restent. Mais s’agit-il vraiment d’un choix? Plutôt un dilemme il me semble. Le choix, tu le feras après: Porter ou pas le nom de notre pays bien haut dans les contrées où tu poseras tes valises après avoir laissé une partie de toi derrière, garder ou pas la tête haute dans cette vallée de larmes où tu restes quand tes amis, tes frères, tes compatriotes partent par milliers, par centaines de milliers… Je suis parti, il y’a de cela des années maintenant. Pas vraiment par choix, pas vraiment contraint, j’avais l’impression de suivre un destin, le destin de ceux qui m’ont précédé, de ceux qui me suivront. Un départ est toujours compliqué à expliquer. Il comporte sa part de lumière et sa part d’ombre et le voyageur n’est pas toujours prêt à faire face à cette dualité. J’imagine que ceux qui restent ne sont pas non plus épargnés par la part d’ombre que ce pseudo-choix comporte également.

Cher lecteur, il est 2 heures du matin et je vois tes yeux qui se ferment déjà. Partant ou restant, tu baisses les armes face au vainqueur universel qu’est le sommeil. Tu aurais dû te le faire couler, ce café agrémenté d’une écorce d’orange. Des écorces, il en reste encore d’abordables au Liban, à défaut du fruit qu’elles sont supposées couvrir, mais elles feront l’affaire. Fais-le donc couler ce café, et trinquons. Attends! Avant, fais couler un filet de bourbon dedans, ça porte malheur de trinquer à la bibine édulcorée. Et trinquons donc. Buvons ce café de minuit à l’honneur de notre pays qui n’existe que depuis 1920 mais qui a été façonné tout au long de plus de six mille ans d’histoire, tout au long des millions d’histoires que ceux qui nous ont précédés se sont racontées et que ceux qui nous suivront se raconterons peut-être, il est permis d’espérer, autour d’un feu de bois ou d’une chandelle, ou un peu comme nous le faisons, autour d’un café agrémenté d’une écorce d’orange, par écrans interposés, mais partageant un fardeau qu’ils seront seuls à porter: du fond de cette nuit noire au bout de laquelle le soleil ne se lèvera peut-être pas, ils sont les uniques dépositaires de l’histoire d’un pays au bord de l’oubli, ils sont les seuls garants de sa continuité.

Alors cher lecteur, où que tu sois, fais que le soleil se lève au bout de la nuit.

A Salim

Let the board sound

Rabih

Cet article a été également publié dans les colonnes de L’Orient-Le Jour.

On a time twisting speed limit

“Let there be light”

Photo by Tsuyoshi Kozu

“Let there be light.” According to Genesis 1:3, this is how it all started. If we keep pulling on the metaphorical thread though, we might realize there is more to it.

It is by these words that the universe was stamped with a seal over which no trespassing is possible. This seal is the speed of light. It bears a name, c, and its value is known, 299 792 458 meters per second. A universal speed limit imposed on everything, or more precisely on anything which has mass, energy or which can hold information, so pretty much everything of interest. Nothing can go faster, not even light itself.

We only came to know about this seal in the beginning of the 20th century, when Einstein uncovered it in his theory of relativity. He discovered that it is an absolute limit, true everywhere, anywhere, regardless of the frame of reference you are in. A perfect boundary. A mind twisting one too, or rather a time twisting one. You see the higher the speed at which you travel, the slower time passes for you. Relativity again. The effect is tiny and beyond measurable for ordinary everyday speeds. It becomes dramatic however for speeds approaching c. Even time is not absolute in the vicinity of the ultimate speed limit.

We know today that there are hard limits in our universe, like the speed of light, the absolute zero or the uncertainty principle. Unlike previous epochs where so called science was rooted in the Scriptures, which lead the sun to revolve around the earth and Galilei’s life to jeopardy, these relatively modern limits are the fruits of scientific theories which have been experimentally verified over and again. They are as real as it gets. Bottom-line: Impossible is something, impossible is certain. Impossible is universal, by design may I say.

And maybe it is a good thing. It puts us back in perspective: our lives are too short to tame the impossible, but they are long enough to chase it: that’s called fundamental research for some, endeavor for others, adventure if you will, and that is what keeps dreams alive and humanity going forward.

To Maroun and Liliane

Let the board sound

Rabih

On that moment when you start walking on water

One of the major traps in fintech is implementing the requirements of a financial institution without questioning the value it is expecting from them. Many times, the client would be describing how he or she operates a given business process in the system being replaced rather than the functional value expected from that process regardless of the platform. Many times, what the client does in a system is actually a workaround for a gap in functionality and you don’t want to be implementing workarounds and accumulating technical debt in the platform you are delivering to him.

Many years ago, I found myself in a meeting room somewhere in the UK, surrounded by representatives of the treasury, operations and finance departments of a humongous financial institution, trying to come up with a proper design for their treasury business processes to implement and automate in our platform. At some point, we stumbled on a concept we had never encountered before, the FTP, or Fund Transfer Pricing, which only started gathering interest by the end of the 2000s, after the sub-prime crisis had washed international finance ashore, a very recent topic back then. It felt like the client was speaking a different language and the meeting was reaching a dead-end when the senior architect suddenly rose to the challenge. He asked a simple question with his typical French accent.

“Why do you do it?”

Sometimes the most basic question can yield the most effective answers and this one proved it right. The client ended up explaining what he actually wanted to do rather than how he wanted it to be done. For the less experienced consultant that I was back then, it felt like magic. A very complex business requirement was unraveling, bit by bit, with every question the senior architect was asking. The guy was walking on water that day, and even the client was amazed by his magic: He went into the meeting not knowing a thing about FTP but still managed to save the day and get out of it with a clearly described business requirement which we could design into the platform. And all he did was ask questions. The right questions. That was my first true lesson into requirement gathering and design, my Fintech 101 moment if you will. It was very humbling, and I remembered thinking I could never pull off something like that.

I would however get a shot at it, some years later, when I found myself in a meeting room somewhere in northern Europe, in the middle of winter, surrounded by half the treasury department of one of my clients, trying to come up with an elegant design for their banking book accrual P&L reports. Fintech 101 was far away in time and I had done enough mistakes by then to have learnt a few tricks of the craft. It felt like walking on water to me and I like to think the client felt the same magic. But nothing is less sure…

Let the board sound

Rabih

Une leçon d’échecs

1990, vers février ou mars. La dernière phase d’une guerre qui grondait depuis 15 ans. Dans la salle de séjour, entre deux sifflements d’obus, un papa, une paire de ciseaux à la main, découpait un bout de carton en petits confettis qu’il coloriait ensuite en noir ou en rouge. Ainsi émergèrent un roi, un fou, un cavalier. Un pion. Deux pions. Une tour. Un jeu d’échecs, avec les moyens du bord.

Photo by Hassan Pasha

C’était la partie la plus facile de l’initiative. Encore fallait-il apprendre les règles d’un jeu millénaire à deux enfants de 7 ou 8 ans. Et éviter une guerre civile à l’échelle de l’appartement puisqu’une partie de gagnée est également une partie de perdue de l’autre côté de l’échiquier. Tout dépend du point de vue. Noirs ou Rouges. Eux ou Nous. Chrétiens ou Musulmans, Maronites ou Druzes, Chiites ou Sunnites. Mais aussi Forces Libanaises, OLP, Force de dissuasion Arabe, Amal, Hezbollah, Aounistes, Marada, Mourabitoun, IDF, et j’en passe. Une pagaille sans nom qui aura duré 15 ans et six mois, ou plutôt, qui aura couté 150 000 morts, 100 000 blessés, 250 000 émigrés et un bon petit million de déplacés si l’on utilisait une unité de mesure plus adaptée que les mois et les années à l’ampleur de cette catastrophe.

Et au milieu de ce maelström, un papa, un jeu d’échecs qui tient dans une boite d’allumettes et deux enfants qui apprennent tant bien que mal qu’un roque vaut mieux qu’un massacre de reines dans cette vaste partie d’échecs qu’est la vie.

En conclusion, à tous ceux qui glorifient la guerre, qui font sa promotion, qui en font une solution pour déloger les dictateurs et libérer les peuples opprimés, allez vous faire pendre ailleurs. Ne connait vraiment la guerre que celui ou celle qui l’a vécue, et croyez-moi, pour en avoir vécu une, ce n’est la solution à aucun problème.

A bon entendeur.

Let the board sound

Rabih

On a cabin in the woods

Up in the Air, a movie starring George Clooney, Vera Farmiga and Anna Kendrick, tells the tale of a guy who’s in-between the plane and the Hilton, all the time. I happened to watch it on a plane, one of the many I would be boarding in a globetrotting game which went on for years, taking me from Paris to Abu Dhabi to Beirut to Moscow to London to Hong Kong to Teheran to Stockholm to Istanbul to Rome to Hamburg to Dallas to Cologne to Milan to Warsaw to Madrid to Amsterdam and back to Paris, many times over and not in the same order. Too many trips to count, some for leisure of course, but most for preaching fintech to financial institutions around the world.

The movie felt so familiar.
Like George, I had more air Miles and Hilton points than I could spend.
Like George, I would be back home every few weeks, for a couple of days, and then back on the road.
And just like George, I had lost touch with most of the people I knew.
Mind you, I was surrounded by people, too many people at times, but still, it felt like being a lone soul in the middle of Times Square at rush hour. Like George.

At some point, Silence and Solitude became lifestyle, and for a while, they became friends. My only friends. They would greet me at the airport when I was back home. No one else would. I would take them out for a walk occasionally having nothing else to do in my free time.

The journey would start around the Place Saint Michel. Pretty lame for a Parisian might you think, but then again, why not? It is close to the Seine and a pretty central part of Paris. I would usually walk up the Rue Saint André des Arts, Solitude on my left, Silence on my right, and get myself a sandwich or a crêpe in one of the many restaurants in this street. I would then bifurcate to the right, through Rue Séguier or Rue des Grands Augustins to reach the eponymous docks, the Quai des Grands Augustins and the Seine river. But most of the times, I would keep walking up the street until I reached Rue de Buci and its many bars. Caipirinha and Mojito were trending back then. My least favorite drinks. There was a bar though, not too far from there, which served a very decent Old Fashioned and some interesting malts, but that’s for another post folks, and besides, I am not a fan of lonely drinking. My peregrinations would then take me south, through the Odéon area, down to the Jardin du Luxembourg where I would spend the rest of the afternoon or the day, not far from a bookshop where time stood still, one which I would be writing about many years later. And what would I be doing all this time? Well, owning time. Taking the time to tame solitude, to savor silence. To reflect on who I am, what I want from life. To think.

One of my fellow authors once quoted Sylvain Tesson, a French writer and traveler, in our e-mail exchanges.

Et si la liberté consistait à posséder le temps? Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures? Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.

« What if freedom consisted in owning time? What if happiness boiled down to having solitude, space and silence – all of which future generations will be lacking? As long as there are cabins deep in the woods, nothing will be completely lost. »

That walk was my cabin in the woods, in the middle of Paris.

Let the board sound

Rabih