Quand le monde aura tiré sa révérence
Il ne restera en fin de compte que les souvenirs. Oh, même pas tous, sans doute pas les plus grandioses ni les plus marquants.
Tes victoires les plus éclatantes? Tes échecs les plus cuisants? Figés dans un passé édulcoré par une mémoire trop imparfaite, ils ne resteront finalement pas. Ils s’envoleront, poussières portées par les brises de l’oubli car, vois-tu, le temps finit toujours par les niveler, victoires à l’aune des échecs, échecs à la mesure des victoires.
Des souvenirs, il ne restera finalement que les plus beaux, les plus doux, ceux qui valent la peine d’être revécus.
La chaleur du feu qui, de son âtre, éclairait les nuits d’hiver de ton enfance au Levant. La brise d’un après-midi d’été au bord de la mer. Le soleil du village où tu as grandi, ses champs, ses près, ses pierres sur lesquelles tu t’es écorché les genoux. L’amertume du départ, oui, car même l’amertume s’adoucit à travers les souvenirs, et la joie des retrouvailles éphémères, ainsi que la douce nostalgie d’un pauvre pays perdu à jamais…
Resteront aussi les feuilles d’or et de cuivre des automnes parisiens, la délicieuse amertume d’une écorce d’orange dans un café bien serré sur une terrasse de Montmartre, et les livres bien sûr. Ne sous-estime pas leur puissance, ils t’auront laissé des impressions aussi durables que les souvenirs les plus beaux.
Mais surtout, la douceur d’une main, la chaleur d’une lèvre, la routine rassurante d’une journée comme les autres, mais quand-même différente par les mille petits bonheurs partagés au quotidien, câlins, chagrins, soleils, averses, mélodies qui enchantent les journées et bercent les nuits.
Et la douceur d’un amour, de l’amour de ta vie, celui qui restera quand tout le reste aura disparu dans les méandres de l’oubli, celui que même la mort ne te prendra.
A Rita, pour ces 9 ans qui seront passés comme un rêve, et à toutes ces années qui n’attendent que d’être vécues.
Let the board sound
Rabih