Ce pays, tu l’auras vu naître, tu l’auras vu agoniser. Il t’aura finalement enterré. Son histoire, c’est un peu la tienne, et ta mémoire, un peu la sienne. Comme toi, il eut son heure de gloire, il eut sa place au soleil. Comme lui, tes enfants t’adorent et comme lui, tes enfants sont éparpillés aux quatre coins du monde. A cause de lui aussi, il faut le dire, et en dépit de toi. Et peut-être un peu grâce à toi, car vois-tu, tu as trop bien réussi ta mission de père : Ils sont trop forts tes enfants ! Ils sont trop beaux ! Le monde te les réclame, le monde te les marchande. Le monde se les arrache.
Mais nul pays n’est assez lointain, nul océan assez vaste. Vois ! Ils sont venus. Ils sont tous là. Ils sont venus rendre hommage. Ils sont venus témoigner de ton histoire, des milles vies plus passionnantes les unes que les autres que tu auras vécues. Ils viennent faire ce dernier bout de chemin à tes côtés, sous ton regard, et comme tu les as portés dans tes bras à leur naissance, ils te portent aujourd’hui dans leurs cœurs pour toujours.
Et peut-être qu’un jour, qui sait, par tes prières dont tu n’as jamais été avare, par ces graines que tu as semées et dont d’autres récolteront les fruits, pour Marcelle, Elie, Michel, Rita, Aline, Daniel, André et nous autres qui t’avons connu et qui t’aimons au delà de la mort, pour tes petits-enfants, et par la grâce de ce dieu d’amour auquel tu reviens ce matin, peut-être qu’un jour le Liban revivra.
Ce sera ton héritage.
Adieu beau-papa

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