Te Rappelleras-Tu

Photo by Shivansh Sethi on Unsplash

Est-ce que tu te rappelleras, une fois que le temps sera passé? Est-ce que tu te souviendras quand tu auras grandi? Quand tu auras l’âge de partir, de courir, de voler? Quand tu auras mon âge?

Te rappelleras-tu cet après-midi qui ne fut qu’à nous deux, sur ce petit coin de table dans le café au coin de la grande place, pas loin de la bouche de métro au coin de la rue? Serait-ce pour toi un havre de paix intérieure quand la vie n’aura plus pour toi la bienveillance qu’elle a d’habitude pour les petits garçons débordants d’énergie? Quand tu te retrouveras coincé par elle dans d’autres coins moins agréables?

Te rappelleras-tu alors ce petit moment de bonheur, cette petite heure que nous avions passée ensemble autour d’un dessert? J’avais pris un chocolat liégeois et toi deux boules de glace, nous étions deux complices, deux polissons qui se gavent de sucre à l’insu de maman, tu jouais à faire rouler un bâton de sucette sur la table et moi à le ramasser inlassablement et tu m’expliquais la magie enfantine qu’il y’ avait vraiment derrière ce petit jeu, avec ton imagination débordante de petit garçon.

Te rappelleras-tu cet épisode quand tu seras devenu l’homme de la maison pour de bon? Quand ton papa sera vieux, quand il ne sera plus? Quand un petit garçon t’appellera papa à son tour et sera tout pour toi? Quand tu seras assis avec un petit garçon ou une petite fille dans un café au coin de la rue à partager une glace et un moment de bonheur?

Garderas-tu dans ton cœur l’amour inconditionnel des enfants, celui que rien ni personne ne peut vaincre, sauf le temps, fossoyeur universel des souvenirs et des passions? Est-ce qu’il viendra à bout de ce souvenir? Te rappelleras-tu ce moment quand même, comme un salut ultime, une revanche, une rédemption arrachée in-extremis à la vie quand bien même tout le reste serait raté?

Te rappelleras-tu, mon fil?

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Rabih

Métaphore

Une ligne jaune pastel se dessine à l’horizon. Rebelle, elle sépare l’azur d’un ciel de printemps du bleu grisâtre d’un océan que la lumière commence à déserter, accaparée qu’elle est par ce fil cosmique qui la déprive de ses nuances d’or, de roses et de braises. 

La nuit tombe. La ligne rebelle se range. Elle finit par se draper du deuil sombre d’un soleil qui s’en est allé enflammer d’autres cieux plus chanceux, se débarrassant des atours qu’elle s’était appropriés, les braises s’étouffant sous les souffles bleus du soir, puis ceux noirs de la nuit. 

Les nuages plus bas laissent entrevoir les petites lucioles qui s’allument petit à petit, autant de petites bulles sur la magie desquelles l’obscurité rebondit, impuissante.

Cette métamorphose aura pris moins de temps à s’imposer au paysage que ces lignes à êtres couchées dans ce carnet. A trente-mille pieds d’altitude, elle est saisissante. Elle me rappelle que le temps nous transforme plus vite que notre capacité à nous en rendre compte. Notre capacité, ou notre volonté, car non, je sens bien que je ne veux pas. 

C’est bien à contrecœur que je me suis réveillé un beau jour d’avril avec un poids que je n’avais pas voulu ressentir jusqu’alors, celui des quarante-deux balais que j’avais accumulé sous le capot, et les quelques désagréments qui les accompagnent. Qui nous accompagnent vers notre destin.

Une lune de sang se lève à l’horizon, pauvre reflet du soleil parti, pâle compagnon de nuit de ce vol plus proche de l’atterrissage que de l’envol, comme les souvenirs, comme la nostalgie, compagnons des vies bien entamées, celles dont les années qui restent ne suffisent plus à revivre celles qui se sont envolées.

Oui je broie du noir ce soir à trente-mille pieds d’altitude, je broie du noir et je le couche en encre bleu-nuit sur ce carnet, à la lueur d’une lune de sang et de la loupiote au-dessus du 4A. Je suis quelque part dans le ciel entre Oslo et Paris, plus proche de Paris que d’Oslo, plus proche de la fin que du début, et j’attends l’atterrissage comme une fin qui me fera passer par le purgatoire d’un taxi parisien avant de me déverser dans mon paradis. 

Rita, Laetitia, Aurélie, Edouard, vous me manquez tellement…

PNC, début descente.

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Rabih

Trente-Deux Ans

Quelque part dans le ciel d’Odin ou de Thor. Je contemple de mon hublot une lune presque pleine dans un ciel encore presque bleu.

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Il est 21h13 en ce 4 mai et les jours sont bien plus long maintenant que le solstice est dans la ligne de mire, surtout dans les cieux septentrionaux que je sillonne régulièrement depuis quelques temps maintenant. Un léger voile de nuages en contrebas laisse à peine entrevoir le paysage de monts et vallées qui commence à s’illuminer de petites lucioles, à mesure qu’une marée d’encre sombre envahit l’éther bleu-ciel de cette fin de journée. Une journée de plus qui se rajoute au compteur d’une vie. Quarante et un ans déjà. Alexandre aurait déjà soumis le monde. Il n’aura eu besoin que de trente-deux ans. Il en aura fallu encore moins à la vanité des hommes d’un petit pays du Moyen-Orient pour mettre à genoux ce petit coin de paradis qui faisait rêver orientalistes et orientaux au diapason levantin.

Trente-deux ans séparent l’indépendance du Liban d’une guerre fratricide et suicidaire. Trente-deux ans d’un âge d’or auquel succèderont quinze longues années de plomb. Puis, un dernier sursaut d’un peu moins de trente ans, poudre aux yeux, morsure de défibrillateur sur un cœur déjà bien fatigué, et finalement, la platitude d’un électroencéphalogramme déjà bien éprouvé, après deux derniers pics d’activité intense: la pire crise financière des temps modernes et la mise à mort de Beyrouth un soir d’août.

Trente-deux ans. L’âge du Macédonien quand il rendit l’âme après avoir soumis le monde. L’âge du Liban quand débuta sa lente agonie, soumis qu’il fut par la vanité et l’orgueil de ses enfants. L’âge que j’avais quand, bien loin du pays qui m’a vu naître, j’ai tenu mon premier enfant dans mes bras, quand je l’ai bercé pour la première fois au son de mon pays d’origine pour insuffler le Liban dans son cœur.

“Nami ya zghiri, nami
Ta ghattiki bi hrami
Wa hrami min wra’ lwardi
Wil wardi bit hibbik, nami”

Dors petite, dors. La langue du cœur ne se commande pas.

J’ai quarante et un ans cette année et ma rage pour le Liban ne faiblit pas. Les raisons de cette rage? Quelques-unes me viennent à l’esprit: des parents, des grands parents, quelques irréductibles amis, un peuple, tellement hétéroclite de par ses 18 confessions et ses millions de manières de vouloir ce pays, une grande famille tellement éparpillée de par le monde que son seul dénominateur commun reste ce petit pays méditerranéen et une langue aux sonorités de soleil levant, de thym à l’huile d’olive et de café épais. Et peut-être aussi les souvenirs, et l’espoir qu’ils ne finissent pas en regrets. Qu’ils restent teintés d’un rayon de nostalgie mais qu‘ils ne soient pas corrompus par l’amertume de l’inévitable.

Je radote. Je me répète. Mon pays natal revient sans cesse dans mes billets. La raison est simple. Voyez-vous, j’ai quarante et un ans cette année et pour la première fois de ma vie, je prie de ne pas avoir à enterrer mon pays de mon vivant.

Il est 22h04. L’avion se réveille de sa pénombre bleuâtre.

PNC, début descente”.

Le ciel dehors se pare déjà du deuil d’une journée de printemps. Les nuages n’en sont que plus beaux. Puisse le soleil se lever demain pour ce petit pays au bord de l’oubli.

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Et joyeux anniversaire à mon papa, là-bas.

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Rabih

Merci

J’écoute. La mélodie me porte à travers les années. Tant d’années sont passées depuis. Depuis quand? Depuis. Il y’en a plein, des depuis. Depuis le début d’un monde nouveau? Depuis la fin de l’ancien? De quel ancien? Depuis un retour hypothétique qui s’éloigne à mesure que les lendemains s’enchaînent? Depuis un départ qui n’en sera plus un à mesure que les années seront passées? Depuis la fin de l’innocence des choses? Le début de la réalité? Ou le début de sa fin?

Je pense à tous ces depuis en lisant vos mots. Certains me ramènent de quelques mois en arrière. Des depuis que l’oubli n’a pas encore fanés. Certains me ramènent vers des chapitres un peu plus lointains dans la brume des depuis, souvenirs d’une vie passée, d’une époque que vos mots me font revivre avec la douce amertume de la nostalgie. Les amis, le temps passe tellement vite, et cela me fait parfois l’impression que nos vies s’entrecroisent le temps d’une étincelle pour ensuite continuer leurs courses solitaires vers on ne sait quel astre, quelle étoile dont l’illusion nous berce.

Vos mots font chaud au cœur. Vos mots témoignent qu’à la croisée des chemins, nous aurions été plus que des étincelles les uns pour les autres. Nos rencontres auront compté, elles nous auront façonnés en une version plus en couleur que celle d’avant.

Merci d’avoir pris la peine d’écrire, merci de vous être souvenus. Merci de vous être arrêtés deux minutes quand vous aviez croisé ce garçon un peu gauche au détour d’une classe de maternelle, ou ce jeune homme qui essayait de trouver sa place dans ce monde. Merci d’avoir salué, même de loin, ce monsieur qui n’a pas vu le temps passer, et de ne pas lui avoir rappelé que le temps est irréversible.

Merci pour ce bout de chemin que nous avons parcouru ensemble.

A Zahra, Ranim, Peter, Ilda, Mireille, Rony, Nicolas, Richie, Fadi, André, Danielle, Jacques, Edith, Walid, Eliane, Boudy, Wissam, Joëlle, Marcelle, Marielle, Aline, Gerard, Tony, Fouad, Liliane, Edmond, Georges, Joseph, Georges, Katia, Charbel, Mazen, merci pour ce bout de chemin que nous avons parcouru ensemble. Merci d’avoir pensé à moi aujourd’hui.

Quant à vous deux que je ne nomme pas, je ne vous oublie pas, loin de là. Vous vous reconnaitrez dans les lignes qui suivent.

De l’une, je pense à tous ces kilomètres et toutes ces années qui n’auront pas réussi à nous faire oublier les souvenirs d’enfance communs et à cet adieu de la fin des années 80, qui redevient un au revoir de temps en temps.

De l’autre, je pense à ce prénom tellement prémonitoire, puisqu’il est également l’un des prénoms de ce pays de liberté, d’égalité et de fraternité d’où j’écris ces mots une trentaine d’années plus tard. Et si j’écris, c’est en partie parce que tu m’en auras donné le goût, peut-être en cette matinée du milieu des années 90 où tu nous initiais à la poésie. Il y était question d’un ange me semble-t ’il.

Deux depuis qui auront valu la peine d’être vécus.

Chers amis, la musique me berce toujours. Je vous dis donc adieu et vous laisse avec un piano un peu fatigué, la voix un peu éraillée de Thom Yorke & Flea, et la nostalgie pure qui coule entre ces notes. Et je me presse de publier ce texte avant la fin de ce jour.

Plus que quatre minutes avant minuit …

Rabih

What Will Remain

When the world has taken its final bow

Photo by Ian Wetherill on Unsplash

In the end only memories will remain. Oh, not even the greatest or the most vivid ones.

The most brilliant victories? The blatant failures? Frozen in a past watered down by a failing memory, they shall not remain. They will fly away like particles of dust, carried away by the breeze of oblivion, for time, you see, always ends up leveling the victories by their fair measure of failures and failures by their fair number of victories.

Will remain only the memories worth reliving, the sweetest, the most beautiful ones.

The warmth of the fire which, from its hearth, lit up the winter nights of your childhood in the Levant. The breeze of a summer afternoon by the sea. The sun of the village where you grew up, its fields, its meadows, its stones on which you scratched your knees. The bitterness of departure, yes, because even bitterness is softened through memories, and the joy of fleeting reunions, as well as the bitter-sweet nostalgia of a poor country lost forever…

Will also remain the golden and copper leaves of Parisian autumns, the delicious bitterness of an orange peel in a coffee on a terrace in Montmartre, and books of course. Do not underestimate their power, they will have left you with impressions as lasting as the most beautiful memories.

But first and foremost, the softness of a hand, the warmth of a lip, the reassuring routine of a day like any other, but still somewhat different through the little pleasures you share daily, hugs, sorrows, sun, showers, melodies that enchant the days and lull the nights.

And the warmth of love, the love of your life, the one which will remain when everything else will have disappeared in the meanders of oblivion, the love which even death cannot take away.

To Rita, for these 9 years that will have passed like a dream, and to all those years just waiting to be lived.

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Rabih

Ce Qui Restera

Quand le monde aura tiré sa révérence

Photo by Ian Wetherill on Unsplash

Il ne restera en fin de compte que les souvenirs. Oh, même pas tous, sans doute pas les plus grandioses ni les plus marquants. 

Tes victoires les plus éclatantes? Tes échecs les plus cuisants? Figés dans un passé édulcoré par une mémoire trop imparfaite, ils ne resteront finalement pas. Ils s’envoleront, poussières portées par les brises de l’oubli car, vois-tu, le temps finit toujours par les niveler, victoires à l’aune des échecs, échecs à la mesure des victoires.

Des souvenirs, il ne restera finalement que les plus beaux, les plus doux, ceux qui valent la peine d’être revécus.

La chaleur du feu qui, de son âtre, éclairait les nuits d’hiver de ton enfance au Levant. La brise d’un après-midi d’été au bord de la mer. Le soleil du village où tu as grandi, ses champs, ses près, ses pierres sur lesquelles tu t’es écorché les genoux. L’amertume du départ, oui, car même l’amertume s’adoucit à travers les souvenirs, et la joie des retrouvailles éphémères, ainsi que la douce nostalgie d’un pauvre pays perdu à jamais…

Resteront aussi les feuilles d’or et de cuivre des automnes parisiens, la délicieuse amertume d’une écorce d’orange dans un café bien serré sur une terrasse de Montmartre, et les livres bien sûr. Ne sous-estime pas leur puissance, ils t’auront laissé des impressions aussi durables que les souvenirs les plus beaux.

Mais surtout, la douceur d’une main, la chaleur d’une lèvre, la routine rassurante d’une journée comme les autres, mais quand-même différente par les mille petits bonheurs partagés au quotidien, câlins, chagrins, soleils, averses, mélodies qui enchantent les journées et bercent les nuits.

Et la douceur d’un amour, de l’amour de ta vie, celui qui restera quand tout le reste aura disparu dans les méandres de l’oubli, celui que même la mort ne te prendra. 

A Rita, pour ces 9 ans qui seront passés comme un rêve, et à toutes ces années qui n’attendent que d’être vécues.

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Rabih

Happy Birthday in A Major

With a mellow twist for a newbie guitarist

Photo by freestocks on Unsplash

Here’s how it goes if you ever feel like playing it, dear potential newbie guitarist. It only takes three very simple chords: A, E and D.

A                 E
Happy Birthday to you
E A
Happy Birthday to you
A D
Happy Birthday dear Rabih
A E A
Happy Birthday to you

Simple.

La simplicité fait la beauté, as we say around here. Nonetheless, there is a problem with the simplicity of this version: it is dull. Too sweet. Too optimistic, like a fairytale. Like everything is going to be OK. Like you’ll never stumble and fall. No illness, no hazards. No Coronavirus. No Sub primes. No war. No inflation.

Fake.

You can however add a chord to the last “Happy” to save the day: the B minor, or even better, the B minor 7th.

Bm7        E      A
Happy Birthday to you

This chord kind of breaks the happy path to which the birthday song was heading, making it more real. The B minor 7th does not sound happy, it does not sound sad either. It sounds, well, mellow, I guess. Nostalgic. Like a reminder from an old friend who’s been there before, that this new year on which you are about to embark will have its share of bliss but also its share of sadness. That you need to better manage your expectations and that time is flying. That today is gone forever, and tomorrow is not yet. That the past will always look brighter.

Trust your ear nevertheless, the chord is not sad. You can even notice an after taste. Something like Italian coffee with an orange peel. The story this chord will be telling you is one of hope. However rough, everything will be all right eventually.

In the end, when you find yourself playing the birthday song to your child or your parents, on the eve of leaving your home country to head back where you belong, it brings tears to your eyes and hope to your heart, hope for the impossible reunion, one day, with all the parents, siblings, friends, and memories you are about to leave again. That life will somehow bring us back together somehow, for good, in the country of our childhood.

Right now, on the plane back to Paris, I can hear the B minor 7th version of the birthday song resonating in my head, and I find myself hoping that the promise it seems to hold is as real as the mellowness of its sound.

To my parents who are celebrating their 42nd wedding anniversary.

To my child who is celebrating her birthday.

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Rabih

The Summers of our Childhood — Les Etés de Notre Enfance

Images and impressions on a piano improvisation by Elie Maalouf — Images et impressions sur une improvisation d’Elie Maalouf au piano

Listen to this Summer improvisation on piano. Let it take you places. Here’s where it took me. In English and in French, because why not?

Elie Maalouf, Summer Impro!

A languid question, one that awaits an answer, slow to come. And then, an anxious lover who wants to know.

Is it true? Say it is not so! Tell me! Tell me… Is it true that you’re leaving? Is it true that you’re staying?

And the answer, the one he wishes to hear, which oscillates between the quiet happiness of a summer evening in the Levant and the torpor of an August afternoon.

This is the story that I hear playing out on the ivory and ebony keys, these are the characters and the moods that I glimpse between the notes, and which, through an eighth, a modulation or a silence, meet, dispute, discuss, or hold their peace.

And leave us dreamy and nostalgic of the summers of our childhood.

Thank you Elie

. . . .

Une question languissante, une interrogation qui attend une réponse qui tarde à venir.

Et ensuite, un amoureux anxieux, qui veut savoir. Est-ce vrai? Dis-moi! Dis-moi… Est-ce vrai que tu pars? Est-ce vrai que tu restes? Et la réponse qu’il veut bien entendre, qui oscille entre le bonheur tranquille d’un soir d’été au Levant et la torpeur d’un après-midi d’Août.

C’est l’histoire que j’entends jouer sur les touches d’ivoire et d’ébène, ce sont les personnages et les états d’âme que j’entrevois entre les notes, qui d’une croche, d’une modulation, d’un soupir, se croisent, se décroisent, se parlent, se taisent.

Et nous laissent rêveurs et nostalgiques des étés de notre enfance.

Merci Elie

Let the board sound

Rabih